Communiqué de Presse
Kinshasa, le 15 novembre 2024
Des organisations de la société civile appellent les procureurs à enquêter sur les fonds
congolais détournés et dissimulés dans des biens immobiliers en Afrique du Sud
Hier en Afrique du Sud et Aujourd'hui en RDC, des organisations de la société civile basées
en Afrique du Sud, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Sénégal appellent
la National Prosecuting Authority (NPA) sud-africaine à se saisir rapidement de la plainte
pénale portant sur des accusations graves d’infractions de blanchiment d'argent à une
échelle internationale. La plainte a été déposée auprès de la NPA il y a 19 mois, sans
qu’aucune mesure apparente n’ait été prise par les autorités pour établir la responsabilité
des auteurs de ces crimes.
Open Secrets, la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF) et
Le Congo N'est Pas A Vendre publient ce communiqué commun. Ces organisations de la
société civile sont préoccupées par l’absence d’action des autorités sud-africaines à la suite
de soumission des preuves démontrant comment des hommes politiques congolais
corrompus ont utilisé des fonds congolais détournés pour acquérir des propriétés en
Afrique du Sud.
En avril 2023, Open Secrets, PPLAAF et les organisations congolaises Congo Nouveau,
Afrewatch, UNIS et CDC/RN ont déposé une plainte pénale auprès de la NPA. La plainte
détaille comment le frère adoptif de l'ancien président de la RDC, Francis Selemani, s'est
procuré des propriétés en Afrique du Sud grâce aux fruits de la corruption en RDC. L'espoir
était qu'une enquête de la NPA concernant Selemani conduirait à la saisie de ses biens en
Afrique du Sud et à la restitution du produit de la corruption au peuple congolais. Malgré
de nombreuses tentatives pour obtenir des informations sur l'état d’avancement de
l'enquête, la NPA n'a fourni aucune information officielle depuis le 9 avril 2024.
Les preuves contenues dans la plainte proviennent principalement de l'enquête inédite
#CongoHoldUp.
En 2021, PPLAAF, Médiapart et leurs partenaires ont publié des
révélations issues de #CongoHoldUp et basées sur plus de 3,5 millions de documents qui
révèlent comment la banque BGFI a été utilisée pour piller les fonds publics et les
ressources naturelles de la RDC, bénéficiant largement à l'enrichissement du cercle
rapproché de l'ancien président Kabila. #CongoHoldUp comprenait également un rapport
d'enquête de l’organisation américaine à but non lucratif, The Sentry, intitulé « Embezzled
Empire ».
Ce rapport détaille comment Francis Selemani a dissimulé des millions en acquérant des
maisons de luxe aux États-Unis et en Afrique du Sud, semble-t-il en partie grâce à des fonds
du gouvernement congolais détournés. Les preuves fournies par #CongoHoldUp et
Embezzled Empire ont également contribué à l’élaboration de l'étude de cas sur la RDC
dans le rapport d'enquête d'Open Secrets intitulé « For Sale - South Africa's Property
Laundromat ».Il est maintenant urgent d’agir !
Une nouvelle enquête publiée aujourd'hui par The Sentry révèle que six des seize propriétés
sud-africaines de Selemani ont déjà été vendues à de nouveaux propriétaires depuis la
publication de #CongoHoldup. L’inaction des autorités sud-africaines signifie que, à
mesure que les propriétés sont vendues, l’argent s’évanouit et devient irrécupérable.
« Une enquête sur les avoirs de Selemani en Afrique du Sud est primordiale, mais la
véritable justice nécessite une redevabilité, tant à l'étranger qu'au niveau national », a
déclaré le lanceur d’alerte congolais Jean-Jacques Lumumba, « Le peuple congolais a été
exploité et continue de subir l’impact de cette corruption. Les autorités doivent agir et les
biens doivent être saisis ».
Des moyens pour établir les responsabilités des auteurs ont également été recherchés en
RDC. Cette semaine, la coalition « Le Congo n'est pas à vendre », basée en RDC, appelle
de nouveau à la redevabilité en incitant les autorités locales congolaises à prendre des
mesures concernant les preuves incriminant Kabila et son cercle restreint.
En outre, en 2023, le parquet national financier français a perquisitionné les bureaux de la
filiale de la BGFI en France. Les autorités belges ont ouvert deux enquêtes, l'une pour «
corruption d'agents publics étrangers » à l'encontre du millionnaire belge Philippe de
Moerloose, l'autre visant l'ancien gouverneur de la Banque Centrale du Congo pour
blanchiment d'argent. Une enquête sur des transactions suspectes en Suisse cible également
le clan Kabila, de Moerloose et des banques suisses.
L'incapacité de l'Afrique du Sud à poursuivre les responsables de corruption est l'une des
raisons majeures pour son inscription sur la « grey list » du GAFI. Il est impératif que des
affaires comme celles-ci soient traitées par des organismes chargés de l’application de la
loi, comme la NPA. L'Afrique du Sud ne peut pas être le terrain de jeu des élites criminelles
corrompues du monde. Nous appelons la NPA à faire avancer cette affaire de toute urgence
et à rendre justice au peuple congolais dont les vies et les moyens de subsistance continuent
d'être volés.
Pour plus d'informations, merci de contacter :
PPLAAF
Gemma-Maé Hartley: gemma@pplaaf.org
Open Secrets
Letlhogonolo Letshele: lletshele@opensecrets.org.za
CNPAV
Dirk SHAKA: corruptiontuerdc@gmail.com
Madeleine: communicationcnpav@gmail.com